Ventadour en cartes postales
La SHAV met progressivement en ligne sa très belle collection de cartes postales anciennes.
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Commençons par cette ancienne et rare vue photographique prise depuis le hameau de la Chanselve (Chanselva). Le fournil (forniau) est couvert en chaume, le site est encore revêtu de pins et de cèdres. Les murs du logis sont déjà en partie tombés - édition la Cigogne - vers 1950
Vers 1890 Ventadour est déjà devenu une petite forêt de grands arbres, mais autour les ravins ont encore conservé leur apparence médiévale grâce aux troupeaux de chêvres et de brebis qui nettoient consciencieusement, comme depuis 800 ans. Les pentes sont nettes et laissent apparaître les veines rocheuses qui transforment le promontoire en éperon. Tels un squelette, ces rochers donnent une puissance minérale à Ventadour. On peut penser à un géant pétrifié. La forme géologique et son évidente signature magnétique sautent aux yeux. Imaginons l'impression des chevaliers et soldats qui devaient approcher de la citadelle. Pensons au sentiment d'invincibilité que donnait ce socle à ses défenseur.
Le cliché dessous est encore plus ancien car un détail le prouve : la tour semi-ronde de l'Est possède encore une partie de sa toiture (qui ne semble pas en très bon état). Une cheminée semble en sortir, une fenêtre ouvre vers le Sud-Est et deux autres plus petites en dessous vers l'Est. Une partie hors toiture semble être en terrasse, mais cela vient peut-être d'une illusion d'optique ou d'un début d'effondrement. Ainsi notre hypothèse de 3 niveaux au moins est prouvée. Mais cette toiture est-elle d'origine ? Il semble que non car Madame de Lamazière aurait fait refaire ou réparer la couverture après 1830. Garda t'elle la même forme d'origine ou écréta t'elle ? la cohésion de la structure nous invite à retenir la 1ère hypothèse. La tour n'en aurait pas été franchement une mais plutôt un élément défensif aux murs arrondis vers le précipice et droits vers l'interieur comme le montre les substructures. Trois niveaux sont visisbles dont une cave servant de pièce refuge (et non de poudrière car la poudre n'existait pas encore lors de sa construction), une salle de veille et un sous-toit qui semble éventuellement être prolongé par une originale terrasse de guet ou défensive. Edition Bessot et Guioni vers 1880
L'arrête granitique soutenant le château est parfaitement visible dans son saillant. Le bouquet d'arbres pousse sur le site de la petite Chanselve, où se trouvent encore à l'époque les murs de 2 ou 3 chaumières et d'un four au moins. Edition Bessot et Guioni Brive en haut et Michel dessous.
Avant 1914 le jeune Henri QUEUILLE, médecin à Neuvic et futur homme d'Etat, développe le tourisme dans son canton. Il fait éditer par le syndicat d'Initiative une série de cartes postales dont deux au moins sont consacrées à Ventadour. Celle du cycliste au canotier est célèbre. La route est sablée et non bitumée, le Rocher Servières (Cerviera) la surplombe dans sa minéralité et la "tour" de l'éperon Est a déjà perdu sa charpente. Les genêts semblent commencer à se développer sur le flanc Nord. Un texte donne des explications un peu partielles.
Le cliché dessous semble de la même époque : le petit éboulement est toujours là, une voiture hyppomobile arrive dans le tournant. Il reste encore un élément de charpente sur la Tour. Les deux fenêtres ou meurtrières du 1er étage sont mieux visibles. Edition Eyboulet Ussel.
Un peu plus tard, vers 1920 certainement, le poteau électrique est arrivé avec ses fils, le muret de la route d'Egletons à Neuvic a été reconstruit. Quelques résineux s'accrochent aux pentes du sud quand d'autres arbres malingres commencent à s'élever au nord, au dessus de la Soudeillette. On voit le chemin de la descente (devalada) vers le pont Roudal. Cliché studio Michel de Marcillac.
Dubitatif, le promeneur au châpeau regarde le rocher Servières et sa falaise. Les poteaux et l'électricité sont là mais le muret n'est pas encore refait ni la peinture passée. Edition ? vers 1920.
La suivante est moins récente car on revoit le bout de charpente, il n'y a pas encore de poteaux... Edition ? vers 1910
Le promeneur porte un chapeau haut de forme, il est bien chic dans ce paysage rocheux. La tour Est commence à s'effondrer. La falaise du rocher étonne toujours autant. Ventadour est écrit avec un "a" - Edition Marel Cliché BL Montluçon vers 1920
La vue plonge vers le ravin Nord, celui de la Soudeillette (et pas la Luzège comme confondent certains auteurs touristiques). L'angle abrupte est impressionnant comme le chemin (la chareira). En bas, on devine la ferme du Roudal où il y a peu de chance que soit né Bernartz lo trobaire. Edition Bessot Guioni Brive. La vue suivante montre en élargi cette pente avec le croisement des chemin vers la vallée et le village de Prailloux. Vers 1910.
Ce cliché de la façade Sud donnant sur le torrent de la Vigne date probablement d'avant 1914. Le mur du logis seigneurial possède encore deux embrassements de fenêtres dont l'appareillement a été démonté. Le donjon conserve un pan de mur assez large qui sera en partie démoli sur ordre du maire de la commune vers 1903 en raison du risque d'effondrement. Edition Meyrignac et Puydebois Brive.
La photo des paysans au labour est touchante. La femme regarde le sillon sous les remparst centenaires et l'homme regarde le photographe. Le laboureur surveille son araire. Edition Lieuterêt Egletons
L'homme au canotier est assis devant sa compagne. Il tient une canne. Il sont au plus prés du château. On devine le chemin d'accès sous les remparts vers la petite Chamselve et peut-être quelques murs bas du hameau sous les sapins de la plateforme. Vers 1900 Editions ?
La carte de l'homme à la casquette est prise un peu plus tard dans un pré encore bien entretenu de la Chanselve. Les pans de fenêtres sont tombés bas. Vers 1914. Edition ?
Les près du moulin Roudal sont bien fauchés. La Soudeillette court joyeusement vers les gorges du moulin Pezaret à la Valade. Elle est réputée alors pour ses écrevisses et ses saumons aujourd'hui disparus. On devine l'éperon Est sur le pic au-dessus. Un pécheur semble être au bord de la rivière. Vers 1900 Edition Lieuterêt.
En dessous, le pont en bois du Roudal qui ne sera refait que tardivement. Il se situe juste au-dessus de la prairie de la photo du dessus. La Vigne se jette en confluence peu après.Le rocher Servières domine le paysage. Même époque - Edition Eyboulet Ussel
Carte peu connue avec le chemin vers la petite Chanselve très visible et utilisé. Il est bien oublié désormais et personne ne se soucie de le remettre en état malgré nos demandes pressantes. En dessous, remarquez le grand pan de mur du donjon pas encore démoli en 1903. Cliché Eyboulet Ussel. A
utres vues de la façade au Sud en-dessous. On remarquera l’encorbellement bien visible sous ce qui était certainement un chemin de ronde au sommet. Sur la suivante, apparaît le parement de pierres taillées en moellons de la façade Sud du logis seigneurial. Les trous beants sont ceux des fenêtres détachées pour la revente. On voit bien la fondation sur le rocher affleurant.
En dessous on aperçoit les soubassements de maisons du hameau de la Chanselve où est probablement né Bernartz lo trobaire.
La route d'Egletons à Neuvic est l'une des plus remarquables du bas Limousin. Elle est relativement moderne et doit dater du XVIIIè siécle. L'ancien chemin, dit des vicomtes, passait par le puy des Boulards avec ses poteaux de justice où étaient pendus les criminels, allait à Ventadour, descendait vers le pont Roudal, remontait au bois du Claux et passait sur la Luzège avant de remonter vers Bouix puis le château de Roussile et Lamazière basse. La "nouvelle" route passe par le rocher Servières qu'il a fallu couper et longe le ravin en le taillant. Le paysage est rugueux, composé de roches affleurantes et de landes à moutons. Le piton de Ventadour domine majestueusement et le rocher Servières lui fait face. Les torrents chantent. Depuis 4 décennies, la plantation incontrôlée de résineux et l'abandon de l'entretien agricole par déprise a complétement changé la perspective.
La fermeture des panoramas et des reliefs est dramatique et fait perdre au site sa majesté et son charme...
Deux charettes partent vers les près du pont des Bouyges ou de la Valade, au long du torrent de la Vigne. Dessous, la vue en contresens montre la route vers Lamazière avant le rocher Servières et, à gauche, le micro plateau de la petite Chanselve sous le château. Edition Eyboulet Ussel vers 1910
Vue rare prise depuis le rocher Servières avec les cascades de la Vigne et le fond du rocher de Ventadorn en face. Un promeneur regarde le photographe, un véhicule est garé plus haut. Edition Marel vers 1914
Belle vue du haut du rocher Servières. Les coteaux sont en patures et en landes. Des arbres commencent à pousser dans le ravin.
La prise de vue du dessous a due être faîte quelques années plus tôt. Edition Michel Marcillac. Vers 1910
Revoilà l'homme au canotier. Il lève ses bras face au précipice du bout du château. Il n'y a pas de poteau électriques.
Dessous, le rocher Servières en majesté, les près du Roudal et les coteaux de Prailloux en haut. Edition ? vers 1900.
Ici commence la découverte de l'intérieur de la forteresse, telle qu'elle se présentait entre 1880 et 1950. Ce sont certainement les clichés les plus instructifs car beaucoup de chose ont changé. Les grands arbres qui poussèrent presque deux siècles durant après les démentélements de 1796 ne sont plus là. Une forêt de pins, d'épicéas et de cèdres prospéra, causant d'autres dégats irrémédiables mais donnant une note follement romantique à ces ruines qui ne voulaient pas disparaître. On peut se féliciter des défrichages des années 60 et de la "vitrification" minérale des années 2000, mais conserver en souvenir l'aspect forêt merveilleuse de l'époque.
La petite fille assise sur un moellon de granit détaché de la tour Saint Georges regarde le photographe. Elle est à l'extérieur des remparts, dans le chemin d'accès prétendument aménagé au XVIIIè siècle, même s'il nous semble qu'il devait certainement exister avant.
Ce contre-plan de la vue précédente nous fait découvrir les deux hommes à la casquette qui vont nous guider dans cette visite. Les épicéas ont poussé mais les talus herbeux sont bien nettoyés et sans broussaille. L'entretien écologique en somme, grace aux chèvres du voisinage, et sans le choix entre les ronces ou les frais d'agents d'entretien !
